03/05/2021

Les conséquences du ramadan sur la santé

Les conséquences ne sont pas les mêmes suivant la période de l’année où ça tombe, explique Jean-Claude Melchior, spécialiste en nutrition à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches. La durée du jour conditionnant la durée du jeûne (de 10 à 19 heures), plus les jours sont longs, plus la vulnérabilité à la dénutrition conférée par certaines maladies chroniques est sensible.

D'une manière générale, le jeûne semble bien supporté par les personnes saines. Qu'en est-il des personnes malades ?

Les conséquences sur la santé des malades et la morbidité propre du ramadan ont été l’objet de différentes études. On a décrit plusieurs situations :

-La fréquentation des urgences pour accident augmenterait pendant le ramadan dans certaines études. Ainsi les admissions dans un hôpital du Qatar ont montré une augmentation des admissions pour ulcère duodénal et asthme bronchique et une diminution des hospitalisations pour angor et hypertension artérielle. Cette étude a été confirmée par d’autres réalisées dans d’autres pays musulmans.

-La pathologie asthmatique est aggravée, conséquence probable d’une mauvaise observance médicamenteuse, et ce, malgré la non consommation de tabac pendant la journée.

-Les pathologies psychiatriques sont exacerbées, a priori pour des raisons d’observance médicamenteuse.

-Sur la grossesse et l’allaitement, les conséquences du ramadan sont moins bien connues. Pour certains, le jeûne aurait des conséquences néfastes tant sur le score d’Apgar qui diminue que sur la déshydratation qu’il accentue pendant l’allaitement.

-Enfin, on note une stabilité des hospitalisations consécutives à la décompensation d’un diabète. Le diabète non insulino-dépendant est l’une des affections les mieux étudiées pendant le ramadan. Malgré la grande diversité des adaptations posologiques spontanément adoptées par les patients, et une proportion importante de patients déséquilibrés, il n’y a pourtant pas d’augmentation sensible des hospitalisations pendant cette période pour cette pathologie. L’inversion des prises semble sûre.

-80% des musulmans pratiquants atteints de diabète de type 2 pratique le ramadan. Est-ce dangereux pour ces malades ?

Pour le diabète de type 2, ça n’est pas dangereux. La question se pose plus pour les diabétiques de type 1, qui sont dépendants à l’insuline. Médicalement parlant, il ne leur est pas conseillé de suivre le ramadan. Le risque est de tomber en hypoglycémie, ce qui peut être extrêmement dangereux, voire mortel. La déshydratation peut également être problématique pour ces personnes, ainsi que le moment de la rupture du jeûne, potentiellement source de déséquilibre. En un mois, le ramadan, va déséquilibrer le diabète des patients. 

Il faut rappeler que dans la religion musulmane, les malades peuvent s’abstenir de suivre le ramadan. Mais on voit parfois des diabétiques de type 1 qui y tiennent absolument. On leur conseille de s’adapter en ne prenant pas d’insuline le matin par exemple, et en surveillant bien leur glycémie pendant la journée.  

Pour plus d’informations sur la santé et ramadan, vous pouvez consulter notre article : la santé et ramadan.

Tahraoui Abir

Tahraoui Abir

Biologiste l Parasitologie

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