Laboratoires SALEM

L'aspirine et le cancer du colon

Hormis un usage habituel de l’aspirine pour des indications anti-inflammatoires, antalgiques, antipyrétiques et antiagrégant plaquettaire des études démontrent l’intérêt de l’aspirine dans la prévention du cancer du côlon.

Une étude prospective a inclus en 1986, 47.363 hommes âgés de 40 à 75 ans. Pendant les 18 ans de suivi, on compte 975 cas de cancer colorectal. Après ajustement sur les facteurs de risque connus, les hommes qui prennent au moins 2 fois/semaine de l´aspirine, ont un risque de cancer colorectal réduit de 21% par rapport au non utilisateurs de ce produit (95% [CI], 0.69–0.90). Mais cet effet bénéfique nécessite au moins 6 à 10 ans pour devenir significatif (P=0,008) et cesse de l´être après 4 années d´arrêt de prise. 

L´effet protecteur de l´aspirine est dose-dépendant, avec une réduction du risque par rapport aux hommes qui ne prennent jamais d´aspirine, de 6% (CI, 0.75–1.18) pour une dose de 0,5 à 1,5 comprimé/semaine, 20% pour 2 à 5 comprimés(CI, 0.63–1.01), 28% pour 6 à 14(CI, 0.56–0.92) et 70% (CI, 0.11–0.81) pour plus de 14 comprimés (P =0, 004).

(Chan AT et coll. Aspirin Dose and Duration of Use and Risk of Colorectal Cancer in Men.Dr Charles Hagège)

Cet effet protecteur est d’autant plus important que l’aspirine est associée à une statine.

Une étude allemande en 2007 a comparé la consommation d´aspirine à dose antiagrégante plaquettaire et de statines de 540 patients atteints de cancer colorectal, à celle de 614 sujets contrôles. Il s´avère que la consommation d´aspirine seule réduit le risque de cancer colorectal de 23% (Odds Ratio ajusté : 0.77, 95% Intervalle de Confiance : 0.55-1.07) et celle de statines seules de 35% (OR 0.65, 95% CI 0.43-0.99). La consommation des 2 médicaments réduit ce risque de 37%(OR 0.63, 95% CI 0.36-1.10). Après 5 ans ou plus de consommation des 2 produits, le risque de cancer colorectal est réduit de 62%(OR 0.38, 95% CI 0.15-0.97).

Ces résultats vont dans le sens d´études récentes attirant l´attention sur les effets protecteurs de l´aspirine ou des statines sur le risque de cancer colorectal, mais une confirmation de l´addition des effets de chacun des traitements pris isolément nécessite des études prospectives, voire des essais d’intervention randomisés.

(Hoffmeister M et coll. Individual and joint use of statins and low-dose aspirin and risk of colorectal cancer: a population-based case-control study. Int J Cancer. 2007 Sep 15 ; 121(6) : 1325-30)

L'aspire et le cancer du sein

D’autres études démontrent également l’intérêt de l’aspirine dans la prévention du cancer du sein.

Une intéressante et baroque méta-analyse a été publiée, dans une très sérieuse revue, qui semble montrer une diminution de risque de cancer du sein chez les consommatrices régulières d´aspirine, avec un risque relatif significativement abaissé à 0,75 (RR = 0,75 ; IC à 95 % : 0,64 – 0,88), et une réduction du risque de cancer du sein de 2 % par année de consommation d’aspirine.

Cette méta-analyse reste tout de même discutable en raison de la grande hétérogénéité des études qui y sont compilées et la difficulté à trouver un mécanisme physiopathologique. Néanmoins, elle rappelle une étude (méta-analyse) sur paracétamol et cancer ovarien qui avait retrouvé des résultats similaires (réduction de risque chez les utilisatrices régulières).

(Mangiapane S, Blettner M, Schlattmann P. Aspirin use and breast cancer risk: a meta-analysis and meta-regression of observational studies from 2001 to 2005. Pharmacoepidemiol Drug Saf 2007 Oct 22 (en cours de publication).

Bonovas S, Filioussi K, Sitaras NM. Paracetamol use and risk of ovarian cancer: a meta-analysis Br J Clin Pharmacol.)

REVUE DU PRATICIEN GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE de novembre 2007

Jean-Luc Mergui, Clinique de l´Alma, Paris.

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